- PARTI DÉMOCRATE (États-Unis)
- PARTI DÉMOCRATE (États-Unis)PARTI DÉMOCRATE, États-UnisWashington, dans son discours d’adieu, condamnait «l’esprit de parti». C’était en septembre 1796. Déjà, pourtant, les partis existaient aux États-Unis. Dès 1791, Jefferson et Madison tentent d’unir planteurs de Virginie et politiciens du Nord: c’est le début de la coalition entre le Sud et les «machines» politiques du Nord qui, durant de longues décennies, constituera la colonne vertébrale du Parti démocrate. Victime de fréquentes scissions, ce dernier est majoritaire jusqu’à la guerre de Sécession; il devient alors, à de rares exceptions près, le parti minoritaire et le demeure jusqu’à l’élection de Franklin Roosevelt, en 1932.Sociologiquement, le régionalisme joue encore un rôle, quoique en déclin, dans le recrutement des partis américains. Les bastions démocrates se sont longtemps situés dans le sud des États-Unis. Le monopole démocrate (et conservateur) y fait place à un bipartisme qui libéralise, dans une certaine mesure, le jeu politique; d’autres régions ont aussi une tradition démocrate, tels les États qui jouxtent le Sud (Oklahoma, Kentucky ou Missouri), ainsi qu’une partie des États de l’Est et de l’Ouest. Dans l’ensemble, l’Amérique urbaine constitue un fief démocrate. On retrouve là la trace d’une structure socio-professionnelle de l’implantation démocrate: le centre des villes est habité en majorité par les familles ouvrières, et c’est dans la classe ouvrière que le Parti démocrate recrute le plus d’électeurs; ainsi, suivant l’American Institute of Public Opinion, en 1960, lors de l’élection présidentielle qui oppose John Kennedy et Richard Nixon, 61 p. 100 des ouvriers votent pour le candidat démocrate, contre 37 p. 100 seulement des membres des professions libérales et des cadres supérieurs. L’influence de l’origine socioprofessionnelle se conjugue à celle de l’appartenance ethnique ou raciale: traditionnellement, le non-Blanc, et même le non-Anglo-Saxon, s’identifie au Parti démocrate, même si son accession à la classe moyenne tend de plus en plus à lui faire oublier sa première allégeance. Autre facteur lié aux précédents, l’affiliation religieuse tend également à renforcer la fidélité à un parti politique: catholiques et juifs sont nettement plus proches du Parti démocrate que les protestants. Au total, le Parti démocrate représente encore les «petits», les pauvres, bref, ceux qui bénéficient le moins des avantages de la société d’abondance.Ces clivages sociologiques relatifs recouvrent des clivages idéologiques qui ne sont ni plus ni moins marqués. Il est d’usage d’affirmer que rien ne sépare républicains et démocrates sur le plan idéologique. Pourtant, ces partis se perçoivent comme dissemblables sur des points essentiels. Les démocrates se considèrent comme le parti du progrès par le réformisme, et il est vrai que, depuis le new deal , ils ont été, notamment sur le plan intérieur, le parti de l’innovation. Dans l’ensemble (car il existe des oppositions très vives entre l’aile sudiste et le reste du Parti démocrate), le parti est favorable à la propriété publique des ressources nationales et au contrôle exercé par le gouvernement fédéral sur les grands trusts. Les démocrates souhaitent le maintien de l’agriculture familiale. Ils demandent une politique fiscale plus équitable qui annulerait les facilités (parfaitement légales) qui favorisent surtout les gros revenus, et sont généralement hostiles aux diminutions d’impôts. Ils veulent encore l’accroissement, ou à tout le moins le maintien, des dépenses publiques pour résoudre les problèmes sociaux (villes, santé, problèmes ethniques) et tenter de réduire, malgré l’opposition de leur aile sudiste, l’écart qui sépare les communautés noire et blanche. Ils estiment que la diminution du chômage est plus importante que l’équilibre du budget. Ils jugent enfin souvent que les crédits militaires sont trop importants et qu’une partie des sommes allouées à ce titre permettraient de résoudre les problèmes intérieurs.En matière de politique étrangère, ils sont généralement plus internationalistes que les républicains. Ils ont, par le passé, prôné avec constance une politique prudente d’ouverture à l’Est... qui a été réalisée par le républicain Nixon. Jusqu’à la guerre du Vietnam, les démocrates ont même été résolument interventionnistes. C’est sans doute en politique étrangère que la politique américaine reste le plus nettement bipartisane.
Encyclopédie Universelle. 2012.